Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/229

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d’un seul coup, et lui dégringolait avec elle sur les soldats qui se trouvaient en dessous. La sentinelle aérienne essaya bien de se raccrocher aux autres rameaux, mais cognée de-ci, meurtrie de-là sur les branches inférieures qui craquaient à leur tour, la repoussaient ou se dérobaient traîtreusement, elle arriva à terre on ne sait trop comment, mais à coup sûr plus vite qu’elle n’était montée.

— Ouais ! ouais ! oille ! ouille ! oh ! oh la la ! La jambe ! La tête ! Le bras !

Un homérique éclat de rire répondit du Gros Buisson à ce concert de lamentations.

— C’est moi qui te rechope encore, hein ! railla Camus, voilà ce que c’est que de faire le malin et de menacer les autres. Ça t’apprendra, sale peigne-cul, à me viser avec ta fronde. T’as pas cassé ton verre de montre des fois ? Non ! Il est bon le cadran !

— Lâches ! assassins ! crapules ! ripostaient les rescapés de l’armée des Velrans. Vous nous le paierez, bandits, voui ! vous le paierez !

— Tout de suite, répondit Lebrac ; et, s’adressant aux siens :

— Hein ! si on poussait une petite charge ?

— Allez ! approuva-t-on.

Et le hurlement du lancer des quarante-cinq Longevernes apprit aux ennemis déjà déroutés et en désarroi qu’il fallait vivement déguerpir si l’on ne