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la guerre des boutons


temps. Et puis y avait encore les deux Ronfous de sur la Côte, qui sont « à maître »[1] maintenant.

Alors on a songé : Si on s’amusait à dire la messe !

Le berger du Poron[2] a voulu faire le curé ; il a ôté sa chemise et il l’a passée sur ses habits pour avoir comme qui dirait un surplis ; on a fait un autel avec des cailloux et des bancs aussi : les deux Ronfous étaient les servants, mais ils n’ont pas voulu mettre leur chemise sur leur tricot. Ils ont dit que c’était passe qu’elles étaient déchirées, mais je parierais bien que c’est parce qu’ils avaient ch… fait dedans ; enfin, bref, le berger nous a mariés la Titine et moi.

– T’avais pas de bagues pour y mettre au doigt ?

– J’y ai mis des bouts de tresse.

– Et la couronne ?

– On avait du chèvrefeuille.

– Ah !

– Oui, et puis l’autre avait un paroissien, il a dit des Dominus vobiscum, oremus prends tes puces, secundum secula, un tas de chichis, quoi, comme le noir, kifkifre ! puis après « Ite Missa est », allez en paix, mes enfants !

Alors on est parti les deux la Titine et on leur a dit de ne pas venir, que c’était la nuit de noce, que ça ne les regardait pas, qu’on resterait pas long-

  1. Au service comme berger.
  2. Parrain.