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la guerre des boutons


On verrait bien.

La semaine passa ; la forteresse s’approvisionna de pommes de terre chipées, de vieilles casseroles bien nettoyées et récurées pour la circonstance, et on se tint sur la défensive, on attendit, car, malgré la proposition de Grangibus, nul ne voulut se charger d’une périlleuse reconnaissance au sein de la forêt ennemie.

Mais le dimanche après-midi, les deux armées au grand complet échangèrent force injures et force cailloux. Il y avait de part et d’autre le redoublement d’énergie et l’intransigeante arrogance que donnent seules une forte organisation et une absolue confiance en soi. La journée du lundi serait chaude.

– Apprenons bien nos leçons, avait recommandé Lebrac ; s’agit pas de se faire mettre en retenue demain, y aura du grabuge.

Et jamais en effet leçons ne furent récitées comme ce lundi, au grand ébahissement de l’instituteur, dont ces alternatives de paresse et de travail, d’attention et de rêvasserie, bouleversaient tous les préjugés pédagogiques. Allez donc bâtir des théories sur la prétendue expérience des faits quand les véritables causes, les mobiles profonds, vous sont aussi cachés que la face d’Isis sous son voile de pierre.

Mais cela allait barder.

Camus, en accrochant sa première branche pour