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la guerre des boutons


Camus grimpa au chêne pour s’en assurer.

– Penses-tu, fit-il au bout d’un instant d’examen, après une pareille tatouille ils ont filé comme des lièvres.

L’armée de Longeverne rejoignit à la cabane Boulot, Gambette et la Marie qui s’apprêtait à partir. Le blessé, qui avait abondamment saigné, avait le nez tout bleu et enflé comme une pomme de terre, mais il ne se plaignait pas trop tout de même, songeant au nombre de tignasses crêpées par ses doigts et à la quantité respectable de coups de poing qu’il avait équitablement distribués de côté et d’autre.

On s’arrangea pour raconter qu’en courant il était tombé sur une bille de bois et qu’il n’avait pas eu le temps de porter les mains en avant pour protéger sa face.

Jeudi, il serait guéri, il pourrait faire la fête avec les autres, et comme c’était lui qui avait, en l’occurrence, été le plus malmené, on lui revaudrait ça en nature à l’heure du partage des provisions.

Le lendemain, Lebrac et Tintin, ayant perçu l’argent, discutèrent avec les camarades de la façon dont on devrait l’employer.

On fit des propositions.

– Du chocolat.

Tout le monde était d’accord pour cet achat.

– Comptons, fit La Crique. La tablette de dix raies coûte huit sous : il en faut à chacun un assez