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la guerre des boutons


triomphe ! trois bouteilles pleines, trois bouteilles mystérieuses, dérobées à coup de génie par les Gibus et par Lebrac, dressaient leurs formes élégantes.

L’une renfermait de l’eau-de-vie, les deux autres du vin.

Sur une sorte de piédestal de pierre, l’arrosoir récuré, neuf, dont les cabossures brillaient, brandissait en avant son goulot poli qui déverserait une eau limpide et pure puisée à la source voisine ; des tas de pommes de terre pétaient sous la cendre chaude.

Quelle belle journée !

Il avait été entendu qu’on partageait tout, chacun devant seulement garder son pain. Aussi, à côté des plaques de chocolat et de la boîte de sardines, une pile de morceaux de sucre monta bientôt que La Crique dénombra avec soin.

Il était impossible de faire tenir les pommes sur la table, il y en avait plus de trois doubles. On avait vraiment bien fait les choses, mais ici encore le général, avec sa bouteille de goutte, battait tous les records.

– Chacun aura son cigare, affirma Camus, désignant d’un geste large une pile régulière et serrée de bouts de clématite, soigneusement choisis, sans nœuds, lisses, avec de beaux petits trous ronds qui disaient que cela tirerait bien.