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la guerre des boutons


vous colle à chacun huit pages d’histoire à copier et à réciter et quinze jours de retenue.

— M’sieu, c’est lui qu’a commencé, j’lui faisais rien, moi, j’lui disais rien à ce…

— Non, m’sieu ! c’est pas vrai ; c’est lui qui m’a dit que j’étais un menteur.

Cela devenait épineux et délicat.

— Il m’a pissé dessus, reprenait Camus. Je ne pouvais pourtant pas le laisser faire.

C’était le moment d’intervenir.

Un oh ! général d’exclamation dégoûtée et d’unanime réprobation prouva au joyeux grimpeur et lieutenant que toute la troupe prenait son parti, condamnant le boiteux sournois, fielleux et rageur qui avait cherché à le faire punir.

Camus, comprenant bien le sens de cette exclamation, s’en remettant à la haute justice du maître, influencé déjà par les témoignages spontanés des camarades, s’écria noblement :

— M’sieu, je veux rien dire, moi, mais demandez-leur-z-y aux autres si c’est pas vrai que c’est lui qu’a commencé et que j’y avais rien fait et que j’y avais pas dit de noms.

Tour à tour, Tintin, La Crique, Lebrac, les deux Gibus confirmèrent les dires de Camus et n’eurent pas assez de termes énergiques congruents pour flétrir l’acte malpropre et de mauvaise camaraderie de Bacaillé.