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la guerre des boutons


Ils poussèrent le « tirouit » de ralliement. Rien ne répondit.

Ils crièrent, ils hurlèrent le nom de Tintin, et une huée moqueuse parvint à leurs oreilles.

Tintin était chauffé.

— Gambette, commanda Lebrac, cours, cours vite au village et va dire à la Marie qu’elle vienne tout de suite, que son frère est prisonnier ; toi, Boulot, va-t’en à la cabane, défais l’armoire du trésor, et prépare tout ce qu’il faut pour le « rafistolage » du trésorier ; trouve les boutons, enfile les aiguilles de fil afin qu’il n’y ait pas de temps de perdu. Ah ! les cochons ! Mais comment ont-ils fait ? Qui est-ce qui a vu quelque chose ? C’est presque pas possible !

Personne ne pouvait répondre, et pour cause, aux questions du chef, nul n’avait rien remarqué.

– Faut attendre qu’ils le lâchent.

Mais Tintin, ligoté, bâillonné derrière le rideau de taillis de la lisière, était long à revenir.

Enfin, parmi des cris, des huées et des ronflements de cailloux, on le vit tout de même reparaître, débraillé, ses habits sur son bras, dans le même appareil que Lebrac et l’Aztec après leurs exécutions respectives, c’est-à-dire à cul nu ou presque, sa trop courte chemise voilant mal ce qu’il est habituel de dérober d’ordinaire aux regards.