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la guerre des boutons


paroxysme de la colère. Voilà que vous insultez les savants maintenant ! Vous en avez un de toupet, par exemple, et un joli répertoire, ma foi ! mes compliments, mon ami !

Et vous savez, ajouta-t-il pour assommer le malheureux, vous savez que votre père m’a recommandé de vous soigner !

Il paraît que vous n’en fichez pas la secousse à la maison ; toujours sur les quat’chemins à faire le galvaudeux, la gouape, le voyou, au lieu de songer à vous décrasser le cerveau.

Eh bien, mon ami ! si vous ne me répétez pas à onze heures tout ce que nous allons redire pour vous et pour vos camarades qui ne valent guère mieux que vous, je vous préviens, moi, que pour commencer, je vous foutrai en retenue de quatre à six tous les soirs, jusqu’à ce que ça marche ! Voilà !

Le tonnerre de Zeus, tombant sur l’assemblée, n’eût pas provoqué stupeur plus profonde. Tous restaient écrasés par cette épouvantable menace.

Aussi Lebrac et les autres, du plus grand au plus petit, écoutèrent-ils ce jour-là avec une attention concentrée les paroles du maître exposant rageusement les abus des anciens systèmes de poids et mesures et la nécessité d’un système unique. Et s’ils n’approuvèrent point en leur for intérieur la mesure du méridien de Dunkerque à Barcelone,