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la guerre des boutons


Cachés dans le Gros Buisson, ahuris de cette apparition inattendue, les Longevernes suivaient la poursuite de Bédouin avec des yeux ronds comme des prunelles de chouettes.

– C’est lui ! c’est bien lui ! fit La Crique parlant de son chef.

– Il leur z-y-a encore joué un tour, remarqua Tintin. Quel bougre, tout de même ! et l’inflexion de sa voix disait toute l’admiration qu’il professait pour son général.

– Ce vieux c… va-t-il nous emmerder longtemps ? reprit Camus, frottant de ses paumes sèches et calleuses ses douloureuses meurtrissures.

Et il songeait déjà à déléguer Tintin ou La Crique pour attirer Bédouin hors des lieux où devait se cacher Lebrac, en poussant à l’adresse du garde quelques séries d’épithètes colorées et fortes, telles : vieille tourte, enfifré, sodomiss, vérolard d’Afrique et autres qu’ils avaient retenues au passage de certaines conversations entre les anciens du village.

Il n’en fut pas réduit à cet expédient, car le vieux briscard redescendit bientôt le chemin, jurant contre ces garnements à qui il tirerait les oreilles et qu’il « foutrait » bien, un jour ou l’autre, à « l’ousteau » communal pour tenir compagnie, durant une heure ou deux, aux rats de la fromagerie.

Immédiatement Camus imita le tirouit de la per-