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la guerre des boutons


petit guiguillon de rien du tout, mais un gros, tu sais, un de six sous avec une double devise !

— Ce qu’elle va être contente, la Marie, mon vieux, quand j’y dirai, reprit Tintin, qui songeait avec émotion que sa sœur partageait toujours avec lui régulièrement ses desserts. Il ajouta même, se trahissant dans un élan de générosité :

— On tâchera de le bouffer tous les trois ensemble.

— Mais, c’est pas pour toi que je l’achèterai, ni pour moi, c’est pour elle !

— Oui, je sais bien, oui ! mais tu comprends, des fois, une idée qu’elle aurait de faire comme ça !

— Tout de même, convint Lebrac pensif, et ils entrèrent avec les autres à l’église, les cloches sonnant à toute volée.

Quand ils se furent casés, chacun à son poste respectif, c’est-à-dire aux places que les convenances, la vigueur personnelle, la solidité du poing leur avaient fait s’attribuer peu à peu après des débats plus ou moins longs (les meilleures étant réputées les plus proches des bancs des petites filles), ils tirèrent de leurs poches qui un chapelet, qui un livre de messe, voire une image pieuse pour avoir « l’air plus convenable ».

Lebrac, comme les autres, extirpa du fond de sa poche de veste un vieux paroissien au cuir usé et