Page:Petit - De la vipère et des moyens de remédier à sa morsure.djvu/6

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la vie des animaux d’organisation parfaite. Ce fut des êtres des derniers degrés de l’échelle zoologique, qui furent destinés à occuper les premiers cette sphère terrestre couverte alors d’une végétation nombreuse et gigantesque, qui préparait à l’homme une atmosphère en rapport avec la complication de ses organes. Ces premiers habitants du règne animal ont laissé leurs débris dans la terre qui les portait ; ils s’y sont assez bien conservés pour permettre aux naturalistes de notre temps de les classer parmi les animaux terrestres au nombre des reptiles. La vipère dont nous entreprenons l’histoire, existait-elle alors ? Il serait téméraire de ma part de donner à ce problème n’importe quelle solution. Est-elle le résultat de la modification des espèces qui existaient jadis ? Je laisse aux partisans de la génération spontanée et à ceux de la transformation des espèces, le soin de résoudre la délicate question que je viens de poser. Pour moi, dont les moyens ne permettent pas de remonter si haut, je me contente de faire des hypothèses.

« Pourquoi des hypothèses, dira-t-on, pourquoi ne pas s’en tenir aux limites où finit l’observation ? Pourquoi ! Parce que restreinte aux bornes posées jusqu’ici par l’observation, la science médicale laisse subsister de nombreuses lacunes ; parce que poser des hypothèses, c’est ouvrir des voies dans lesquelles peuvent s’engager des observateurs, jusqu’à ce qu’ils aient reconnu qu’elles ne sont que de fausses routes, ou que décidément elles conduisent à la vérité. Le Nouveau-Monde n’a-t-il pas été découvert après une hypothèse ? Est-ce que l’on peut espérer d’avancer la science d’un pas en se retranchant éternellement derrière l’inconnu ? » C’est en ces termes que M. le professeur Lafosse protège ces suppositions de l’esprit, qui souvent dans l’avenir se transportent du domaine des hypothèses dans celui de la réalité.