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gensd’armes, il disoit au maistre de la Haulcqua, lequel faisoit venir ses menestriers, qui sonnoient et disoient de leurs cors sarrazinois, tabours et naquaires : et à ce son se assembloit toute sa gent devant le Souldan. Et lors le maistre de la Haulcqua disoit le bon plaisir du Souldan, et incontinant le faisoient à leur povoir. Quant le Souldan estoit en personne en guerre combatant, celui des chevaliers de la Haulcqua qui mieux s’esprouvoit et faisoit des faiz d’armes, le Souldan le faisoit admiral ou capitaine, ou bien lui bailloit et donnoit charge de gensd’armes, selon ce qu’il le meritoit. Et qui plus faisoit, plus lui donnoit le Souldan. Et par ce chacun d’eulx s’efforçoit de faire oultre leur povoir, s’ilz eussent peu le faire.

La faczon et maniere de faire du Souldan estoit : que quant aucuns de ses chevaliers de sa Haulcqua par leurs prouesses ou chevalerie avoient gaigné du bien tant qu’ilz n’avoient plus de souffreté, et qu’ilz se povoient passer de lui de paeur qu’il avoit qu’ilz ne le deboutassent ou tuassent, il les faisoit prandre et mourir en ses prisons secretement, et prenoit tout le bien que leurs femmes et enfans avoient. Et ceste chose fut esprouvée durant que fusmes ou païs de par de là. Car le Souldan fist prandre et emprisonner ceulx qui avoient prins les contes de Montfort et de Bar, pour leur vaillance et hardiesse : et en hayne et envie qu’il avoit contr’eulx, et aussi pour ce qu’il les doubtoit, les fist mourir. Et à semblable fist-il des Boudendars, qui sont gens subgetz audit Souldan. Et pour ce que, après qu’ilz eurent desconfit le roy d’Ermenie, ung jour ilz vindrent devers le Souldan lui racompter la nouvelle, et le trouverent chassant