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D’autre part, des formes merciennes, telles que (nemne), apparaissent dans le texte à côté de formes appartenant au saxon de l’ouest.

La preuve la meilleure, à l’appui de la quatrième proposition, que le poème n’est point une traduction, ressort du caractère chrétien de l’œuvre.

Et celle-ci est particulièrement anglaise par sa concision et sa vigueur, par sa sobriété et sa haute mélancolie. Si l’on compare les harangues de Beowulf à celles des Sagas, le contraste éclate : ce ne sont dans ces dernières que digressions épisodiques, défis outranciers, tandis que la raison modère tous les sentiments du héros dans leurs manifestations, et que l’ardeur belliqueuse de Beowulf est tempérée par je ne sais quel pressentiment fatal, inquiétude du destin, réflexion sur l’inanité de la gloire, et sur la vanité des entreprises humaines.

Quant à la question de date, dans la cinquième proposition, il demeure pratiquement certain, qu’elle se situe entre A. D. 512 et A. D. 752, la première date étant celle de l’invasion d’Hygelac à laquelle il est fait allusion dans les passages suivants de Beowulf (v. 2.404, 4.708, 5.002, 5.828), et la seconde marquant celle de la chute de la dynastie mérovingienne. Au surplus, il faut encore tenir du compte du temps qui permet de faire entrer dans l’histoire les règnes d’Heardred et de Beowulf. Wulcker donne, assez arbitrairement, du reste, le chiffre de 158 années, ce qui porte à A. D. 670, la date la plus récente du poème.