Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/44

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Il est juste d’observer que, durant bien des siècles, des échanges actifs et nombreux étaient effectués entre les côtes du Sud de cette île, et les districts de la Gaule de l’Ouest. La première venue de César fut commandée par la certitude qu’il avait que ses ennemis des Gaules réparaient leurs pertes et fortifiaient leurs armées, par l’appoint des contingents bretons alliés[1]. Et les trafiquants de la côte[2] qui trouvaient dans la Bretagne un débouché, lui fournirent, bien qu’à regret, les plans qui servirent à l’invasion romaine. Quand les armées de César l’eurent facilement emporté sur leurs faibles ennemis, et que la domination romaine s’établit sur l’île entière, il est probable que les anciennes relations furent reprises, et que les échanges se renouvelèrent, comme par le passé. Au temps de Strabon, les produits de l’île, le blé, le bétail, l’or, l’argent, le fer, les peaux, les esclaves, les chiens, étaient exportés par ses habitants et certainement, sur les côtes voisines : ce commerce, du reste, était suffisant pour motiver l’établissement d’un impôt et d’exportation et d’importation[3]. Au siècle de Néron, Londres sans être une colonie, était regardé comme un centre remarquable de commerce[4] ; trait d’union de toutes les nations celtes trafiquantes. Comme les tribus germaines s’avançaient graduellement, en suivant les lignes de l’Elbe, du Weser et du Rhin, occupant les contrées sur les rives de ces fleuves, jusqu’à la mer, on peut dès lors supposer que quelques-unes de leurs grandes migrations se prolongèrent jusqu’aux rives prochaines et opposées de l’Angleterre[5].

  1. Bell. Gall., III. 8, 9 ; IV. 20.
  2. Particulièrement les Vénètes : ἕτοιμοι γὰρ ἦσαν κωλύειν τὸν εἰς τὴν Βρεττανικὴν πλοῦν, χρώμενοι τῷ ἐμπορίῳ Strabo, IV, 271. Cf. Bell. Gall. IV. 20
  3. Strabo, IV, 278.
  4. Tacit. Ann., XIV, 33.
  5. César note les migrations des tribus continentales vers la Bretagne : « Britanniæ pars interior ab iis incolitur, quos natos in insula ipsa memoria proditum dicunt ; marituria pars ab iis qui praedæ ac belli inferendi causa ex Belgis transierant : qui omnes fere iis nominibus civitatum adpellantur, quibus orti ex civitatibus eo pervenerunt, et bello inlato ibi remanserunt, atque agros colere cœperunt » Bell. Gall., V, 12.