Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/650

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Après sa septième année, il est élevé à la cour de son aïeul, Hrethel, auprès de ses oncles, Herebeald, Haethcyn et Hygelac (4956-4962). Dans sa jeunesse, il fut longtemps regardé comme peu brave (4302-4374), mais quand il grandit, sa main avait la force de celles de trente autres hommes (755-757). C'est donc en en venant aux mains, qu’il atteint sa plus grande renommée (5008-5010 ; 5365). Il accompagne Hygelac dans sa fatale expédition contre les Hetware, et sauve sa propre vie, après la chute du roi Geat, en nageant vers sa patrie (4728-4730). Il refuse le trône qui lui est offert, par la veuve d’Hygelac (4747-4748 : il devient le protecteur d’Heardred, fils d’Hygelac, et à la mort de celui-ci, il devient roi des Geats, sur lesquels il règne pendant cinquante ans (4412-4413).

Le Beowulf qui dirigea l’expédition contre les Hetware, appartient peut-être à l'histoire ; mais le héros des trois exploits principaux du poème : de la lutte à la nage avec Breca ; des combats avec Grendel et sa mère, est certainement légendaire.

Le caractère de Beowulf mérite une étude attentive : il est tracé avec beaucoup d’intérêt dans l’ensemble, et de netteté dans le détail.

Le poète paraît apporter de la fidélité à la description de son héros, et il met également en relief, ses vertus guerrières et ses fautes humaines. L’auteur porte sur Beowulf son propre jugement, à la fin de la première partie du poème, et la fin de la seconde (4354-4378). Il dépeint, d’abord, le héros comme vaillant, prudent, et de cœur magnamine ; puis il le considère comme doux et bon, quoique porté aux ambitieux dessins.

Partout, se manifeste la magnanimité de Beowulf : « la gloire, dit-il doit-être le seul but de l’homme » (2774-2776 ; 5028), et pour l’atteindre, « il faut vaincre ou mourir » (1264-1268 ; 2980-2982; 5070-5072). Le guerrier doit se comporter en chevalier, même en combattant des monstres (856-880 ; 1358-1374 ; 5036-5048). Le sentiment chevaleresque, dans toute sa pureté, inspire les vers 4690-4692, et 5064-5066. Il s’enquiert avec sollicitude de ses compagnons (2954-2958), et ne laisse pas son rival Breca, dans la détresse (1086). Ces mœurs de chevalerie se retrouvent, dépeintes avec un rare bonheur, au cours du poème (688-694 ; 2638-2639 ; 3618-3621). Et Beowulf sait oublier son ressentiment contre Unferth, quand celui-ci lui demande le pardon du passé.

La noblesse d’âme et le désintéressement du héros ressortent en maint endroit : Beowulf refuse le royaume des Geats qui lui est