Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/32

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Euthyphron.

Certainement.

Socrate.

[7b] Et tu admets cela sans hésiter ?

Euthyphron.

Sans hésiter, Socrate ; voilà qui est admis.

Socrate.

Mais n’admets-tu pas aussi que les dieux ont souvent entre eux des inimitiés et des haines, et qu’ils sont souvent brouillés et divisés ?

Euthyphron.

Admis.

Socrate.

Examinons donc sur quoi peut rouler cette différence de sentimens qui produit entre eux ces inimitiés et ces haines. Si nous disputions ensemble sur deux nombres pour savoir lequel est le plus grand, ce différend nous rendrait-il ennemis, et nous armerait-il l’un contre l’autre ? [7c] Et en nous mettant à compter, ne serions-nous pas bientôt d’accord ?

Euthyphron.

Cela est sûr.

Socrate.

Et si nous disputions sur les différentes grandeurs des corps, ne nous mettrions-nous pas à mesurer, et cela ne finirait-il pas sur-le-champ notre dispute ?