Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/59

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teté ; car je ne me découragerai point jusqu’à ce que tu me [15d] l’aies appris. Ne me dédaigne point, je t’en prie, et recueille tout ton esprit pour m’apprendre la vérité : tu la sais mieux qu’homme du monde ; aussi suis-je décidé à m’attacher à toi, comme à Protée, et à ne point te lâcher que tu n’aies parlé ; car si tu n’avais une connaissance parfaite de ce que c’est que le saint et l’impie, sans doute tu n’aurais jamais entrepris, pour un mercenaire, de mettre en justice et d’accuser d’homicide ton vieux père, et tu te serais arrêté, de peur de mal faire, par crainte des dieux et respect pour les hommes. Ainsi, je ne puis douter que tu ne penses savoir au plus juste ce que c’est que la sainteté et son [15e] contraire : apprends-le-moi donc, très excellent Euthyphron, et ne me cache pas ton opinion.

Euthyphron.

Ce sera pour une autre fois, Socrate, car maintenant je suis pressé, et il est temps que je te quitte.

Socrate.

Que fais-tu, cher Euthyphron ? Tu me perds en partant si vite ; tu m’enlèves l’espérance dont je m’étais flatté, l’espérance d’apprendre de toi ce que c’est que la sainteté et son contraire, et de faire ma paix avec [16a] Mélitus, en l’assurant qu’Eu-