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INTRODUCTION

quenté. Un jardin, un lieu de réunion, un sanctuaire des Muses et, sans doute, une bibliothèque, peut-être aussi une maison d’habitation, en furent les parties essentielles. Ce fut là qu’il enseigna pendant quarante ans, jusqu’à sa mort. Sur cet enseignement même, nous n’avons guère de témoignages précis. Nous savons du moins qu’il eut pour auditeurs, non seulement des Athéniens, mais des Grecs des îles, de la Thrace, d’Asie Mineure, et même quelques femmes, éprises de savoir. Plusieurs de ces disciples ont des noms illustres. On compta parmi eux Speusippe, Xénocrate, Aristote, Eudoxe de Cnide, pour ne citer que les plus connus. Dans un tel milieu, l’activité intellectuelle ne pouvait être que vive. Aux exposés du maître s’ajoutaient nécessairement des discussions, d’où jaillissaient des idées nouvelles. Les sujets difficiles étaient souvent repris en des entretiens multiples et prolongés. Si les dialogues composés alors par Platon ne nous en donnent pas une image absolument exacte, ce qui était impossible, ils peuvent tout au moins nous aider à nous en faire une idée.


Suite des dialogues.

Au début de cette période, on peut rapporter le Phédon, le Banquet, le Phèdre, tout inspirés encore des idées pythagoriciennes et orphiques ; le Phèdre a même le caractère d’une sorte de manifeste de l’école nouvelle, affirmant sa valeur éducative en opposition aux écoles de rhétorique contemporaines. Un peu plus tard, se place naturellement la composition de la République, l’œuvre capitale de ce temps, dans laquelle Platon a condensé ses idées sur la morale, sur la métaphysique, sur la politique, en un mot sa philosophie tout entière, telle du moins qu’elle avait alors pris corps dans son esprit. Un tel ouvrage n’a pu être écrit ni publié en peu de temps. Longuement élaboré, il