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CHARANÇON.




ACTE I.


SCÈNE I. — PALINURE, PHÉDROME, ESCLAVES.

PALINURE. Me direz-vous, Phédrome, où vous allez, à cette heure de la nuit, avec cet appareil et ce cortège ?

PHÉDROME. Où m’envoient les ordres de Vénus et de Cupidon, et les conseils de l’amour. Qu’il soit minuit ou que le soir commence, si le moment du rendez-vous avec l’adverse partie est arrivé, il faut obéir, bon gré mal gré, et se mettre en route.

PALINURE. Mais enfin… enfin…

PHÉDROME. Enfin, tu es assommant.

PALINURE. Ce n’est ni beau ni glorieux pour vous : vous servir à vous-même d’esclave, et, dans cette belle toilette, porter vous-même un flambeau !

PHÉDROME. Et pourquoi ne porterais-je pas ce travail des abeilles, ce suave produit, à ma suave petite mignonne ?

PALINURE. Mais où donc allez-vous ?

PHÉDROME. Si tu me le demandes, je te le ferai savoir.

PALINURE. Et si je le demande en effet, que répondrez-vous ?

PHÉDROME. Voici le temple d’Esculape.

PALINURE. Il y a plus d’un an que je le sais.

PHÉDROME. Et tout à côté, cette porte si bien close… Salut, comment vas-tu, porte si bien close ?

PALINURE, contrefaisant Phédrome. Tu n’as pas eu la fièvre hier ou avant-hier ? Et hier, as-tu bien soupé ?

PHÉDROME. Te moques-tu de moi ?

PALINURE. Eh ! n’êtes-vous pas fou, de demander à une porte comment elle va ?

PHÉDROME. Ah ! elle est si gentille et si discrète ! jamais un