Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/360

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THESPRION. Tu es trop citadin.

ÉPIDIQUE. Et toi, je sais que tu es un homme de guerre.

THESPRION. Tu peux le dire hardiment.

ÉPIDIQUE. Eh bien, ta santé a-t-elle toujours été bonne ?

THESPRION. Un peu bigarrée.

ÉPIDIQUE. Ah ! je n’aime pas les gens à bigarrures, race de chèvres et de panthères.

THESPRION. Je ne peux te dire que ce qui est.

ÉPIDIQUE. Tu peux répondre comme il faut. Et le fils de notre maître, va-t-il bien ?

THESPRION. Il est fort et robuste comme un athlète.

ÉPIDIQUE. Excellente nouvelle que tu m’apportes là ; mais où est-il ?

THESPRION. Je suis arrivé avec lui.

ÉPIDIQUE. Eh bien alors où est-il donc ? à moins que tu ne l’aies apporté dans ton sac ou dans ta valise.

THESPRION. Les dieux te confondent !

ÉPIDIQUE. Je veux t’interroger ; écoute-moi, je t’écouterai à mon tour.

THESPRION. Tu parles comme un juge.

ÉPIDIQUE. Cela me sied.

THESPRION. Serais-tu déjà préteur ?

ÉPIDIQUE. Vois-tu dans Athènes quelqu’un qui en soit plus digne que moi ?

THESPRION. Mais, mon pauvre Épidique, il manque quelque chose à ta préture.

ÉPIDIQUE. Qu’est-ce donc ?

THESPRION. Tu vas le savoir. Deux licteurs et deux faisceaux de verges.

ÉPIDIQUE. Le sot animal ! Mais dis-moi…

THESPRION. Que veux-tu ?

ÉPIDIQUE. Où sont les armes de Stratippoclès ?

THESPRION. Sur ma foi, elles ont passé à l’ennemi.

ÉPIDIQUE. Ses armes ?

THESPRION. Oui, et lestement.

ÉPIDIQUE. Sérieusement ?

THESPRION. Sérieusement ; l’ennemi les possède.

ÉPIDIQUE. Ah ! quelle infamie !

THESPRION. Il n’est pas le premier à qui cela arrive ; cela lui fera beaucoup d’honneur.

ÉPIDIQUE. Comment cela ?

THESPRION. Parce que cela en a fait à d’autres.