Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/375

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ÉRIPHANE. Il préparait son coup.

APÉCIDE. C’est cela même. Ah ! vous avez un serviteur accompli, un garçon impayable ; il vaut son pesant d’or. Il a si bien fait que la joueuse de lyre ne se doute même pas qu’on l’achète pour vous ; aussi est-elle venue toute gaie et toute pimpante.

PÉRIPHANE. Cela m’étonne ; comment a-t-il pu faire ?

APÉCIDE. Il a dit que vous vouliez faire chez vous un sacrifice pour célébrer l’heureux retour de votre fils.

PÉRIPHANE. Il a mis le doigt dessus.

APÉCIDE. Bien mieux, il a dit à cette fille qu’il la louait pour accompagner le sacrifice. Et moi pendant ce temps, je faisais le niais et le butor.

PÉRIPHANE. C’est ce qu’il fallait.

APÉCIDE. Mais j’ai un ami qui a au tribunal une importante affaire ; je veux lui prêter assistance.

PÉRIPHANE. Bon ; dès que vous en serez quitte, revenez bien vite chez moi.

APÉCIDE. Je serai de retour dans un instant. (Il sort.)

PÉRIPHANE. Rien de plus précieux au monde qu’un ami prêt à vous servir : ce que vous désirez se fait sans que vous en ayez la peine. Si j’avais confié cette affaire à un homme moins entendu et moins expert, on m’aurait joué d’une jolie façon, mon fils ferait de moi des gorges chaudes, et il n’aurait pas tort. Mais quel est ce personnage qui s’avance et qui fait ondoyer en se dandinant les plis de sa chlamyde ?


SCÈNE IV. — LE MILITAIRE, PÉRIPHANE, LA JOUEUSE DE LYRE.

LE MILITAIRE, à son esclave. Prends-y bien garde, ne passe pas une seule porte sans t’informer de la demeure du vieux Périphane de Plothée. Et malheur à toi si tu me reviens sans informations positives.

PÉRIPHANE. L’ami, si je vous fais voir celui que vous cherchez, m’en saurez-vous gré, au moins ?

LE MILITAIRE. Par mon courage et mes exploits, j’ai mérité que tout le monde se tint fort honoré de me servir.

PÉRIPHANE. L’ami, vous êtes assez mal tombé pour raconter vos prouesses, comme vous semblez en griller. Lorsqu’on veut vanter ses combats à un plus brave que soi, les