Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/399

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MÉNECHME. Tu ne pouvais arriver plus à propos.

PÉNICULUS. C’est toujours comme cela. Je sais prendre les bons moments.

MÉNECHME. Veux-tu voir une farce délicieuse ?

PÉNICULUS. Quel est le cuisinier qui l’a apprêtée ? Rien qu’en donnant un coup d’œil aux restes, je saurai bien s’il a fait quelque bévue.

MÉNECHME. Dis-moi, n’as-tu pas vu sur quelque muraille une peinture représentant Ganymède enlevé par l’aigle, ou Adonis par Vénus ?

PÉNICULUS. Plus d’une fois ; mais que me font ces peintures ?

MÉNECHME. Tiens, regarde-moi (il montre la mante sous son manteau) ; n’y a-t-il pas de ressemblance ?

PÉNICULUS. Que signifie cet équipage ?

MÉNECHME. Conviens que je suis joli garçon.

PÉNICULUS. Où dînons-nous ?

MÉNECHME. Dis d’abord ce que je veux te faire dire.

PÉNICULUS. Volontiers, vous êtes le plus joli garçon du monde.

MÉNECHME. N’ajouteras-tu rien de ton cru ?

PÉNICULUS. Et le plus jovial.

MÉNECHME. Continue.

PÉNICULUS. Je m’en garderai bien, par Hercule, avant de savoir ce que cela me vaudra. Vous êtes en querelle avec votre femme : oh ! raison de plus pour prendre mes précautions avec vous.

MÉNECHME. Il faut trouver quelque endroit pour enterrer cette journée, sans que ma femme sache où s’est allumé le jucher.

PÉNICULUS. Allons, à merveille, vous parlez d’or, et j’ai hâte d’approcher la torche, car cette journée est déjà à moitié trépassée.

MÉNECHME. Tu te retardes toi-même en me coupant la parole.

PÉNICULUS. Ménechme, crevez-moi l’œil qui me reste, si je souffle mot sans votre ordre.

MÉNECHME. Viens, éloigne-toi de la maison.

PÉNICULUS. Soit.

MÉNECHME. Viens ça encore.

PÉNICULUS. Volontiers.

MÉNECHME. Allons, bravement, éloigne-toi encore de l’antre de la lionne.

PÉNICULUS. Par ma foi, vous feriez, je pense, un excellent cocher.