Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/400

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MÉNECHME. Comment cela ?

PÉNICULUS. C’est que vous retournez de temps en temps la tête, pour voir si votre femme ne vous suit pas.

MÉNECHME. Mais que dis-tu ?

PÉNICULUS. Moi ? je dis oui ou non, comme il vous plaît.

MÉNECHME. Si l’on te faisait sentir quelque chose, pourrais-tu deviner à l’odeur

PÉNICULUS. Tout comme si vous preniez le collège des augures.

MÉNECHME. Eh bien, flaire un peu cette mante que j’ai là : que sent-elle ? tu recules ?

PÉNICULUS. C’est par le haut qu’il faut flairer un vêtement de femme : car par ce bout-là le nez s’empuantit d’un parfum trop tenace.

MÉNECHME. Flaire donc par ici, mon gentil Péniculus : tu es bien dégoûté !

PÉNICULUS. Il y a de quoi.

MÉNECHME. Eh bien ? qu’est-ce que cela sent ? réponds.

PÉNICULUS. Le vol, la courtisane, le dîner.

MÉNECHME. Je vais la porter ici à ma maîtresse, à la courtisane Érotie. Je ferai apprêter à dîner pour moi, pour toi et pour die, et nous boirons jusqu’à ce que se lève demain l’étoile du matin.

PÉNICULUS. C’est parler : faut-il frapper ?

MÉNECHME. Frappe… Hé ! attends donc.

PÉNICULUS. Vous retardez d’une lieue les flacons.

MÉNECHME. Frappe doucement.

PÉNICULUS. Vous avez donc peur que la porte ne soit de faïence ?

MÉNECHME. Attends, attends, je t’en prie : la voici qui sort.

PÉNICULUS. Oh ! c’est le soleil que vous voyez. Tenez, comme l’autre est obscurci par l'éclat de ce beau teint !


SCÈNE III. — ÉROTIE, PÉNICULUS, MÉNECHME.

ÉROTIE. Bonjour, Ménechme, ma chère âme.

PÉNICULUS. Et moi ?

ÉROTIE. Tu ne comptes pas.

PÉNICULUS. Pas plus que les surnuméraires dans les légions.

MÉNECHME. J’ai donné ordre de tout préparer aujourd’hui chez toi pour livrer bataille.