Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/406

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MÉNECHME. Je me demande comment il peut savoir mon nom.

MESSÉNION. Cela n’est pas bien malin. Voici ce que font les courtisanes : elles envoient au port leurs petits esclaves et leurs servantes, quand il arrive un vaisseau étranger, et demandent à qui il est, et quel est le nom du propriétaire. Ensuite elles s’attachent et se collent au pauvre homme. Si elles peuvent le séduire, elles le plument avant de le laisser partir. Eh bien (montrant la maison d’Érotie), il y a dans ce port un vaisseau de pirates dont je crois que nous ferons sagement de nous défier.

MÉNECHME. L’avis est prudent.

MESSÉNION. Je le trouverai excellent si vous vous tenez bien sur vos gardes.

MÉNECHME. Tais-toi un peu : la porte crie. Voyons qui sort de là.

MESSÉNION. En attendant, je vais déposer ceci (il dépose son sac). Ayez l’œil dessus, vous autres, braves mariniers[1].


SCÈNE III. — ÉROTIE, CYLINDRE, MÉNECHME, SOSICLÈS, MESSÉNION.

ÉROTIE, à Cylindre. Laisse la porte : va-t’en, je ne veux pas qu’on ferme. Rentre, prépare tout, aie soin de tout, veille à ce que l’on fasse tout ce qu’il faut ; dressez les lits, brûlez des parfums. La propreté charme le cœur des amants ; l’élégance fait leur ruine et notre profit. Mais où est-il donc ? mon cuisinier disait qu’il était devant la porte. Ah ! je l’aperçois, cet ami qui m’est si utile et si précieux : aussi est-il traité selon se£ mérites, et personne chez moi ne passe avant lui. Je veux m’approcher et lui parler. Ma chère âme, je ne comprends pas pourquoi vous restez ainsi devant cette porte qui vous est ouverte plus que la vôtre même ; ma maison n’est-elle pas à vous ? Tout est prêt comme vous l’avez voulu et commandé ; on ne vous fera pas attendre ; le dîner a été arrangé selon vos ordres ; quand vous voudrez, on pourra se mettre à table.

MÉNECHME. À qui en a cette femme ?

ÉROTIE. À vous.

MÉNECHME. Qu’y a-t-il jamais eu et qu’y a-t-il encore de commun entre nous ?

  1. Il y a ici un jeu de mots intraduisible ; il appelle les mariniers navales pedes, parce que les matelots sont comme les jambes du vaisseau.