Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/432

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MÉNECHME SOSICLÈS. Non pas, c’est moi.

MÉNECHME. Je suis Sicilien, de Syracuse.

MÉNECHME SOSICLÈS. C’est ma patrie.

MÉNECHME. Que dites-vous ?

MÉNECHME SOSICLÈS. La vérité.

MESSÉNION, montrant Ménechme. Je reconnais celui-ci, c’est mon maître. Je suis l’esclave de celui-ci, mais j’ai cru l’être de celui-là ; je le prenais pour vous, et je lui ai donné du fil à retordre. Pardonnez-moi si, sans le savoir, je vous ai dit quelque sottise.

MÉNECHME SOSICLÈS. Tu es fou. Ne te souviens-tu pas que tu as débarqué aujourd’hui avec moi ?

MESSÉNION. C’est juste. C’est vous qui êtes mon maître ; vous, cherchez un esclave. Je vous dis bonjour… et à vous bonsoir. Voici celui qui est Ménechme, je l’affirme.

MÉNECHME. Et moi, je soutiens que c’est moi.

MÉNECHME SOSICLÈS. Quel conte ! Vous êtes Ménechme ?

MÉNECHME. Oui, Ménechme, fils de Moschus.

MÉNECHME SOSICLÈS. Vous le fils de mon père ?

MÉNECHME. Non, jeune homme, mais du mien. Je ne songe guère à vous prendre le vôtre, je ne vous en priverai point.

MESSÉNION, à part. Dieux immortels, réalisez cet espoir inattendu ; quel soupçon! Si je ne me trompe, voilà nos deux jumeaux, ils nomment tous deux la même patrie, le même père. Tirons mon maître à part… Ménechme !

LES DEUX MÉNECHMES. Quoi ?

MESSÉNION. Je ne vous veux pas tous les deux. Lequel est venu ici avec moi sur un vaisseau ?

MÉNECHME. Ce n’est pas moi.

MÉNECHME SOSICLÈS. C’est moi.

MESSÉNION. C’est donc à vous que je veux parler : venez par ici.

MÉNECHME SOSICLÈS. Me voici : qu’est-ce ?

MESSÉNION. Cet homme est un aventurier, ou c’est votre frère jumeau. De ma vie je n’ai vu ressemblance pareille. Croyez-moi, deux gouttes d’eau, deux gouttes de lait, ne se ressemblent pas plus que lui à vous et vous à lui. Il nomme la même patrie que vous, le même père. Nous ne pouvons faire mieux que de nous approcher et de l’interroger.

MÉNECHME SOSICLÈS. Par Hercule, l’idée est excellente, je t’en remercie. Poursuis donc, et sois libre, si tu découvres que c’est mon frère.

MESSÉNION. Je l’espère.

MÉNECHME SOSICLÈS. Et moi aussi.