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PRÉFACE.

lui-même n’avait pas osé dire. Il commence précisément là où son maître a fini. Ce qui était dans Platon la plus haute des conséquences devient pour Plotin le premier principe. Nous avons comparé la doctrine de Platon, ajoute M. de Gérando, à une pyramide dont la base repose sur la terre et qui va toucher aux cieux. Nous pourrions comparer celle de Plotin à un faisceau lumineux qui descend de l’empyrée en s’épanouissant sur la terre. Platon est un guide qui conduit le faible mortel à une patrie supérieure ; Plotin semble être un prophète qui du sein de l’empyrée révèle aux hommes les mystères de cette patrie qui déjà est son séjour. En un mot, réunissez ces deux hommes, et vous avez Platon complet[1]. »

Nous déplorions depuis longtemps, pour notre part, qu’un philosophe qui joue un rôle si important dans l’histoire de la philosophie restât inconnu ou du moins inaccessible au plus grand nombre, et nous désirions ardemment voir combler cette lacune. Car nous sommes de ceux qui avaient pris au sérieux l’Éclectisme et qui considéraient l’étude comparée des systèmes de philosophie comme l’indispensable flambeau de la science. Nous pensions, avec un maître illustre, que, pour arriver à constituer une philosophie solide et complète, il fallait d’abord s’enquérir de tout ce qui avait été fait antérieurement et rassembler toutes les pièces du procès qui s’instruit depuis que sont nés les systèmes divers ; nous pensions que c’était seulement après ce travail préliminaire qu’il deviendrait possible, à l’aide d’une critique impartiale et éclairée, de faire dans chaque

  1. Cette vérité a aussi été reconnue par M. Fréd. Creuzer, qui dans les Notes de son édition de Plotin, dit (t. III, p. 307) : « Non dubito in clariore luce collocatum iri Platonis decreta, si ipsius interpretes Plotino studiosius operam dare velint ; » et par M. K. Steinhart, dans ses Meletemata Plotiniana, où il consacre à l’établir toute sa 1re section, intitulée : Plotinus Platonis interpres.