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XXIX
PRÉFACE.

excité l’enthousiasme des contemporains et des siècles voisins. Longin, le plus grand critique de l’époque assurément et peut-être de l’antiquité tout entière, recherche avec empressement les livres de Plotin, se déclare ouvertement son admirateur, et, tout en faisant de prudentes réserves au sujet de quelques-unes de ses opinions, il loue son style serré et plein de force, ainsi que la disposition vraiment philosophique de ses dissertations, et il met ses écrits à la tête de ceux que doivent lire les amis de la vérité. « Plotin, ajoute-t-il, a expliqué les doctrines de Pythagore et de Platon plus clairement que ceux qui l’ont précédé : ni Numénius, ni Cronius, ni Modératus, ni Thrasyllus n’approchent de lui quand ils traitent les mêmes matières[1]. » Les écrivains postérieurs ne parlent également de lui qu’avec l’expression de l’admiration : ils l’appellent le grand Plotin[2], comme ils appelaient Platon le divin Platon ; ils voient même en lui une incarnation de Platon, un Platon ressuscité. Porphyre, sur la foi d’un prétendu oracle qu’il cite et commente, le met au rang des génies, êtres supérieurs à l’humanité, et le place dans le séjour des bienheureux, à côté de Minos, de Rhadamanthe et d’Éaque, de Pythagore et de Platon[3]. Bientôt on en fait un Dieu, on lui dresse des autels : Eunape, qui écrivait deux siècles après Plotin, dit, au début de la notice qu’il lui consacre, que ses autels étaient encore fumants[4].

III. Cette espèce d’apothéose décernée à Plotin, et le souvenir de la lutte si vive que plusieurs des Alexandrins soutinrent contre le christianisme naissant, pourraient faire croire que notre philosophe doit être rangé parmi les enne-

  1. Voy. ci-après, dans la Vie de Plotin par Porphyre, § 19 et 20, deux Lettres de Longin sur Plotin.
  2. Voy. entre autres les passages cités p. 388, 448, 452.
  3. Voy. la Vie de Plotin, § 22 et 23.
  4. Voy. cette notice à la fin de ce vol., p. 316. Voy. aussi Lactance, Adversus Gentes, II, 2.