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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.

Premier principe conçu comme la cause immanente de laquelle tout part et à laquelle tout retourne, la génération des êtres expliquée par une série d’émanations successives dans lesquelles l’essence intelligible s’affaiblit graduellement à mesure qu’elle s’éloigne de sa source et qu’elle se divise à l’infini, la matière considérée comme le degré infime de la puissance divine et l’origine du mal, la théorie de la métempsycose et du retour des âmes au monde intelligible.

2o Pour expliquer ces analogies entre les deux doctrines, il n’est nullement nécessaire d’admettre que Platon, Aristote, etc., aient fait des emprunts à l’Écriture sainte, comme le prétendaient les Gnostiques, ni que Valentin, Basilide, etc. soient des plagiaires de Platon, comme l’avance Plotin. Il suffit de reconnaître que les Gnostiques et les Néoplatoniciens ont puisé à des sources semblables, que Basilide, Valentin, etc., se sont inspirés des idées métaphysiques de la Kabbale ou de Philon, et que Plotin a connu la doctrine de Philon par Ammonius Saccas et par Numénius.

3o Par suite de l’analogie qui existe entre la doctrine de Platon et le Christianisme[1], Plotin, en défendant les principes de son maître contre les attaques ou les interprétations arbitraires des Gnostiques, se trouve être, sur la plupart des points, parfaitement d’accord avec les Pères de l’Église dans les reproches qu’il adresse à ses adversaires, comme on peut juger par les rapprochements que nous avons indiqués précédemment et qui montrent de quelle valeur est ce livre pour l’histoire des idées philosophiques et religieuses à l’époque de l’empire romain.

  1. On sait que saint Augustin dit dans ses Confessions (VII, 9) qu’il ne comprit l’Évangile de saint Jean qu’après avoir lu quelques ouvrages des Platoniciens, traduits du grec en latin par le rhéteur Victorinus : « Je les lus, et j’y trouvai toutes ces grandes vérités : que dès le commencement était le Verbe, que le Verbe était en Dieu et que le Verbe était Dieu ; que le Verbe était en Dieu dès le commencement ; que toutes choses ont été faites par lui, et que rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui ; qu’en lui est la vie ; que cette vie est la lumière des hommes, mais que les ténèbres ne l’ont point comprise ; qu’encore que l’âme de l’homme rende témoignage à la lumière, ce n’est point elle qui est la lumière, mais le Verbe de Dieu ; que ce Verbe de Dieu, Dieu lui-même, est la véritable lumière qui éclaire tous les hommes venant en ce monde ; qu’il était dans le monde, que le monde a été fait par lui et que le monde ne l’a point connu… Quoique cette doctrine ne soit pas en propres termes dans ces livres-là, elle y est dans le même sens et appuyée de plusieurs sortes de preuves. » Comparez ce passage de saint Augustin avec le fragment d’Amélius que nous avons cité plus haut, p. 530.