Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/182

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six vautours à Rémus, et douze à Romulus. D’autres prétendent que Rémus vit véritablement les siens ; mais que Romulus trompa son frère, et qu’il ne vit les douze vautours qu’après que Rémus se fut approché de lui. Quoi qu’il en soit, c’est de là qu’est venu l’usage de se servir préférablement des vautours pour prendre les augures. Hercule, au rapport d’Hérodore de Pont, était charmé de voir un vautour lorsqu’il commençait quelque entreprise. En effet, de tous les animaux, le vautour est le moins nuisible ; il ne fait tort à rien de ce que les hommes sèment, plantent et nourrissent ; il ne vit que de cadavres, et ne tue ni ne blesse aucun être qui ait vie. Il ne touche pas aux oiseaux morts, et res— 109 pecte en eux son espèce ; différent en cela des aigles, des hiboux et des éperviers, qui attaquent et déchirent les autres oiseaux. Or,

Quel oiseau sera pur, s’il mange son semblable ?

dit Eschyle. D’ailleurs, les autres oiseaux sont, pour ainsi dire, sous nos yeux, et viennent à tout moment se présenter à nous : mais il est rare de voir un vautour, et l’on trouve difficilement ses petits. Aussi cette rareté a-t-elle fait croire faussement à bien des gens qu’ils viennent dans nos climats d’un pays très éloigné. Mais les devins pensent que les choses très