Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/392

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se couvrit la tête de son manteau, résolu à se laisser mourir de faim. Périclès en fut informé ; et il accourut aussitôt, tout éperdu, le suppliant de vivre : « Je pleure, lui disait-il, non pas sur toi, mais sur moi-même, qui serais privé d’un conseiller si précieux pour mon administration. » Anaxagore se découvrit la tête, et dit : « Périclès, ceux qui ont besoin d’une lampe y versent de l’huile. »

Les Lacédémoniens commençaient à voir d’un œil d’envie la grandeur croissante d’Athènes. Périclès inspirait à ses concitoyens une opinion de plus en plus haute d’eux-mêmes, en sorte qu’ils se croyaient appelés à une puissance plus grande encore. Il proposa et fit décréter que toutes les villes grecques, grandes et petites, de l’Europe et de l’Asie, dans quelques parages qu’elles fussent, seraient invitées à envoyer des députés à une assemblée, qui se tiendrait à Athènes, pour délibérer sur la reconstruction des temples qu’avaient incendiés les barbares ; sur les sacrifices qu’on avait voués aux dieux pour le salut de la Grèce, lors de la guerre contre les Perses ; sur les moyens d’assurer à tous la liberté et la sécurité de la navigation, et d’établir la paix générale. On choisit, pour ce message, vingt citoyens âgés de plus de cinquante ans. Cinq allèrent en Asie, chez les Ioniens, les Doriens et les habitants des îles, jusqu’à Lesbos et Rhodes ; et cinq dans les provinces de l’Hellespont et de la Thrace, jusqu’à Byzance. Cinq autres furent envoyés en Béotie, en Phocide et dans le Péloponnèse, d’où ils devaient passer, à travers la Locride, sur le continent voisin, et s’avancer jusque dans l’Acarnanie et le pays d’Ambracie. Les autres avaient à parcourir l’Eubée, les peuplades de l’Œta, le golfe Maliaque, la Phthiotide, l’Achaïe[1] et la Thessalie. Ils allaient donc, appelant et invitant tous les peuples à venir

  1. Bien entendu l’Achaïe thessalienne.