Page:Poésies de Malherbe.djvu/73

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De tes peuples mutins la malice a détruite,
Par un heur éloigné de tout penser humain.
Jamais tu n’as vu journée
De si douce destinée ;
Non celle où tu rencontras
Sur la Dordogne en désordre
L’orgueil à qui tu fis mordre

La poussière de Coutras.



Cazaux, ce grand Titan qui se moquoit des cieux[1],
A vu par le trépas son audace arrêtée,
Et sa rage infidèle aux étoiles montée,
Du plaisir de sa chute a fait rire nos yeux.

 

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Ce dos chargé de pourpre et rayé de clinquants
A dépouillé sa gloire au milieu de la fange,
Les dieux qu’il ignoroit ayant fait cet échange
Pour venger en un jour ses crimes de cinq ans.
La mer en cette furie
À peine a sauvé Dorie[2] ;
Et le funeste remords,
Que fait la peur des supplices,
A laissé tous ses complices
Plus morts que s’ils étoient morts.

  1. Ces quatre vers sont de la plus grande beauté ; surtout le dernier, qui est d’une harmonie, d’une hardiesse, d’une richesse et d’une vérité d’expression qui ne se peuvent trop louer. Racine n’a pas mieux fait. A. Chénier.
  2. Charles Doria, Génois qui commandoit les galères d’Espagne que Casaux devait introduire dans le port de Marseille. Édit.