Page:Poésies de Malherbe.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Mais elle étoit du monde, où les plus belles choses
———-—Ont le pire destin ;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
———-—L’espace d’un matin.

Puis quand ainsi serait que, selon ta prière,
———-—Elle auroit obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
———-—Qu’en fût-il advenu ?

Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
———-—Elle eût eu plus d’accueil ?
Ou qu’elle eût moins senti la poussière funeste
———-—Et les vers du cercueil ?

Non, non, mon du Perier, aussitôt que la Parque
———-—Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au deçà de la barque,
———-—Et ne suit point les morts.

Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale ;
———-—Et Pluton aujourd’hui,
Sans égard du passé, les mérites égale
———-—D’Archémore[1] et de lui.

  1. Surnom d’Opheltes, fils de Lycurgue, roi de Némée, en l’honneur duquel furent établis les jeux Néméens. Stace, Thébaïde, liv. 4 et 5. Édit.