Page:Poe - Derniers Contes.djvu/158

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murmure-t-elle, de vous prouver ma reconnaissance ? »

« Si, madame, il y en a un. Veuillez être assez bonne pour me prêter une couple de shillings. »

Dans la première émotion du moment, la dame songe à disparaître sur-le-champ. Après y avoir pensé deux fois, cependant, elle ouvre sa bourse et s’exécute. C’est là, dis-je, une filouterie mesquine — car il faut que la moitié de la somme empruntée soit payée au monsieur qui a eu la peine d’insulter la dame, et d’être rossé par dessus le marché pour l’avoir insultée.

Autre filouterie mesquine, mais toujours scientifique. Le filou s’approche du comptoir d’une taverne et demande deux cordes de tabac. On les lui donne, quand tout à coup après les avoir rapidement examinées, il se met à dire :

« Ce tabac n’est pas de mon goût. Reprenez-le et donnez-moi à la place un verre de grog. »

Le grog servi et avalé, le filou gagne la porte pour s’en aller. Mais la voix du tavernier l’arrête :