Page:Poe - Derniers Contes.djvu/162

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à sa sœur et à sa belle-sœur quelque mécontentement de ce qu’elles aient payé quarante ou cinquante dollars un fac-simile de sa bague — un fac-simile fait de vrai similor et d’un infâme strass.

Mais comme les filouteries n’ont pas de fin, cet essai ne finirait jamais, si je voulais seulement indiquer les variétés et les formes infinies dont cette science est susceptible. Il faut cependant conclure, et je ne saurais mieux le faire, qu’en racontant sommairement une filouterie fort décente et assez bien étudiée dont notre ville a été dernièrement le théâtre, et qui s’est reproduite depuis avec succès dans d’autres localités de plus en plus florissantes de l’Union.

Un homme entre deux âges arrive dans une ville, venant on ne sait d’où. Il paraît remarquablement précis, cauteleux, posé, réfléchi dans ses démarches. Sa tenue est scrupuleusement irréprochable, mais simple et sans ostentation. Il porte une cravate blanche, une ample redingote, qui ne vise qu’au confort, de sérieuses chaussures à épaisses semelles, et des pantalons sans sous-pied. Il a tout l’air, en réalité,