Page:Poe - Derniers Contes.djvu/232

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à son propre avantage. Pourvu qu’il pût réaliser un marché, — un marché de quelque espèce que ce fût, en n’importe quels termes, ou dans n’importe quelles circonstances — un triomphant sourire s’étalait plusieurs jours de suite sur sa face qu’il illuminait, et un clin d’œil significatif annonçait clairement qu’il avait conscience de sa sagacité.

En toute époque il n’eût pas été très étonnant qu’un trait d’humeur aussi particulier que celui dont je viens de parler eût provoqué l’attention et la remarque. À l’époque de notre récit, il aurait été on ne peut plus étonnant qu’il n’eût pas donné lieu à de nombreuses observations. On raconta bientôt que, dans toutes les occasions de ce genre, le sourire de Bon-Bon était habituellement fort différent du franc rire avec lequel il accueillait ses propres facéties ou saluait un ami. On sema des insinuations propres à intriguer la curiosité, on colporta des histoires de marchés scabreux conclus à la hâte, et dont il s’était repenti à loisir ; on parla, avec faits à l’appui, de facultés inexplicables, de vagues aspirations, d’inclinations surnaturel-