Page:Poe - Derniers Contes.djvu/58

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raient ce qu’il y a de plus intéressant et de plus beau, sans une malheureuse fatalité qui pèse sur elles, et dont les pouvoirs miraculeux de leurs maris et de leurs pères n’ont pas été capables jusqu’ici de les préserver. Les fatalités prennent toutes sortes de formes différentes ; celle dont je parle prit la forme d’un caprice. »

« Un quoi ? » dit le roi.

« Un caprice, » dit Schéhérazade. « Un des mauvais génies, qui ne cherchent que l’occasion de faire du mal, leur mit dans la tête, à ces dames accomplies, que ce qui constitue la beauté personnelle consiste entièrement dans la protubérance de la région qui ne s’étend pas très loin au-dessous du dos. La perfection de la beauté, d’après elles, est en raison directe de l’étendue de cette protubérance. Cette idée leur trotta longtemps par la tête, et comme les coussins sont à bon marché dans ce pays, il ne fut bientôt plus possible de distinguer une femme d’un dromadaire. »

« Assez », dit le roi — « je n’en saurais entendre davantage. Vous m’avez déjà donné un terrible mal de tête avec vos mensonges. Il me semble aussi que le jour