Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/132

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cette rigueur n’existe pas. Ce que je dis du poids s’appliquerait évidemment à la force du ressort d’un dynamomètre, que la température et une foule de circonstances peuvent faire varier.

Ce n’est pas tout : on ne peut pas dire que le poids du corps P soit appliqué au corps C et équilibre directement la force F. Ce qui est appliqué au corps C, c’est l’action A du corps P sur le corps C ; le corps P est soumis de son côté, d’une part à son poids, d’autre part à la réaction R du corps C sur P. En définitive, la force F est égale à la force A, parce qu’elle lui fait équilibre ; la force A est égale à R, en vertu du principe de l’égalité de l’action et de la réaction ; enfin, la force R est égale au poids de P, parce qu’elle lui fait équilibre. C’est de ces trois égalités que nous déduisons comme conséquence l’égalité de F et du poids de P.

Nous sommes donc obligés de faire intervenir dans la définition de l’égalité de deux forces, le principe même de l’égalité de l’action et de la réaction ; à ce compte, ce principe ne devrait plus être regardé comme une loi expérimentale, mais comme une définition.

Nous voici donc, pour reconnaître l’égalité de deux forces, en possession de deux règles : égalité de deux forces qui se font équilibre ; égalité de l’action et de la réaction. Mais, nous l’avons vu plus haut, ces deux règles sont insuffisantes ; nous sommes obligés de recourir à une troisième règle et d’admettre que certaines forces comme, par