Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/143

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Ne serait-il pas plus simple de considérer la loi de l’accélération comme une définition dans tous les cas, et de regarder les expériences en question, non comme des vérifications de cette loi, mais comme des vérifications du principe de réaction, ou comme démontrant que les déformations d’un corps élastique ne dépendent que des forces auxquelles ce corps est soumis ?

Sans compter que les conditions dans lesquelles votre définition pourrait être acceptée ne sont jamais remplies qu’imparfaitement, qu’un fil n’est jamais sans masse, qu’il n’est jamais soustrait à toute autre force que la réaction des corps attachés à ses extrémités.

Les idées de M. Andrade n’en sont pas moins très intéressantes ; si elles ne satisfont pas notre besoin de logique, elles nous font mieux comprendre la genèse historique des notions mécaniques fondamentales. Les réflexions qu’elles nous suggèrent nous montrent comment l’esprit humain s’est élevé d’un anthropomorphisme naïf aux conceptions actuelles de la science.

Nous voyons au point de départ une expérience très particulière et en somme assez grossière ; au point d’arrivée, une loi tout à fait générale, tout à fait précise, et dont nous regardons la certitude comme absolue. Cette certitude, c’est nous qui la lui avons conférée pour ainsi dire librement, en la regardant comme une convention.

La loi de l’accélération, la règle de la composition des forces ne sont-elles donc que des conven-