Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/156

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semble de notre univers, comme ces astronomes sur leur système solaire.

On voit ainsi qu’en définitive on serait conduit à conclure que les équations qui définissent les distances sont d’ordre supérieur au second. Pourquoi en serions-nous choqués, pourquoi trouvons-nous tout naturel que la suite des phénomènes dépende des valeurs initiales des dérivées premières de ces distances, tandis que nous hésitons à admettre qu’elles puissent dépendre des valeurs initiales des dérivées secondes ? Ce ne peut être qu’à cause des habitudes d’esprit créées en nous par l’étude constante du principe d’inertie généralisé et de ses conséquences.

Les valeurs des distances à un instant quelconque dépendent de leurs valeurs initiales, de celles de leurs dérivées premières et encore d’autre chose. Qu’est-ce que cette autre chose ?

Si l’on ne veut pas que ce soit tout simplement l’une des dérivées secondes, on n’a que le choix des hypothèses. Supposer, comme on le fait d’ordinaire, que cette autre chose c’est l’orientation absolue de l’univers dans l’espace, ou la rapidité avec laquelle cette orientation varie, cela peut être, cela est certainement la solution la plus commode pour le géomètre ; ce n’est pas la plus satisfaisante pour le philosophe, puisque cette orientation n’existe pas.

On peut supposer que cette autre chose est la position ou la vitesse de quelque corps invisible ; c’est ce qu’ont fait certaines personnes qui l’ont