Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

éprouvés jusqu’ici le lui garantissent suffisamment. Considérons donc cette impossibilité comme une loi générale de la nature ; admettons-la comme postulat. Quelles en seront les conséquences ? C’est ce qu’a cherché Lorentz, et il a trouvé que tous les atomes, tous les électrons positifs ou négatifs, devaient avoir une inertie variable avec la vitesse, et précisément d’après les mêmes lois. Ainsi tout atome matériel serait formé d’électrons positifs, petits et lourds, et d’électrons négatifs, gros et légers, et si la matière sensible ne nous paraît pas électrisée, c’est que les deux sortes d’électrons sont à peu près en nombre égal. Les uns et les autres sont dépourvus de masse et n’ont qu’une inertie d’emprunt. Dans ce système il n’y a pas de vraie matière, il n’y a plus que des trous dans l’éther.

Pour M. Langevin, la matière serait de l’éther liquéfié, et ayant perdu ses propriétés ; quand la matière se déplacerait, ce ne serait pas cette masse liquéfiée qui cheminerait à travers l’éther ; mais la liquéfaction s’étendrait de proche en proche à de nouvelles portions de l’éther, pendant qu’en arrière les parties d’abord liquéfiées reprendraient leur état primitif. La matière en se mouvant ne conserverait pas son identité.

Voilà où en était la question il y a quelque temps ; mais voici que M. Kaufmann annonce de nouvelles expériences. L’électron négatif, dont la vitesse est énorme, devrait éprouver la contraction de Fitzgerald, et la relation entre la vitesse et la