Page:Poitevin - La beauté du cheval.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —

crois pouvoir dire, sans déroger au bon sens, que les éleveurs qui l’ont produit auraient beaucoup mieux fait d’employer leur argent et surtout leurs loisirs à élever des chevaux de fond et d’un usage journalier. En agissant ainsi, ils pourraient, sans léser leurs intérêts, rendre de véritables services à leur pays. Et si tant ils veulent des courses, qu’ils les organisent comme elles doivent l’être et comme tant d’hommes compétents à tous égards les ont comprises ; qu’ils les considèrent comme des moyens d’amélioration de nos races chevalines, et non pas comme un amusant spectacle pour les populations urbaines ; qu’ils fassent parcourir aux animaux qui entrent en lice, des kilomètres et non pas des centaines de mètres ; enfin, qu’ils rétablissent les parties liées, car ce n’est pas par une seule course qu’on peut juger d’un animal, mais bien par plusieurs fréquemment répétées. Il serait temps que tous ces abus eussent une fin, pour une foule de motifs que je passe sous silence ; et, d’ailleurs, la Société protectrice des animaux, qui prend de nos jours une si grande importance, devrait intervenir, parce que, dans les courses entendues comme elles le sont aujourd’hui, on demande au cheval beaucoup plus qu’il ne peut ; car peu importe à messieurs les amateurs que l’objet vivant de leur distraction souffre ou non ; ce qu’ils veulent, c’est qu’il arrive le premier au but, dût-il en mourir.

Toutes les qualités que j’ai fait connaître comme appartenant aux diverses variétés du service de selle sont purement physiques ; mais il en est aussi de morales, et, parmi ces dernières, je citerai l’intelligence et l’obéissance parfaite à tous les aides du cavalier ; pour que la dernière qualité existe, il faut que l’animal ne soit pas rétif, c’est-à-dire qu’il n’ait pas une volonté capricieuse qui le porte à désobéir, et pour cela il doit présenter un certain degré de sensibilité de barres, condition indispensable désignée par le vulgaire sous le nom de bouche