Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/162

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Il a là, devant lui, deux verres, qui sait, trois ?
Sans doute il fait sur eux le signe de la croix,
Ainsi qu’il ferait sur quelque rouge éminence,
Et dit, selon leur plus ou moins de contenance :
« L’un est pour mon Falerne, et l’autre, mon Chianti,
Et le troisième pour mon Lacryma-Christi. »
Comme il est évident qu’il en boit peu de chaque,
Pourquoi n’en faire pas profiter Pierre ou Jacque ?
J’y pense tout à coup : Ce pontife absolu
Ne connaît pas son texte ou bien il l’a mal lu.
Le Seigneur n’a-t-il pas prescrit à ses apôtres :
Messieurs, vous mangerez les uns avec les autres.
Væ soli ! Malheur à celui qui mange seul ;
Il vaudrait mieux pour lui qu’il fût dans un linceul.
Voilà ce qu’il a dit, le Seigneur. C’est notoire.
Ce qui prouve, de sorte aiguë et péremptoire,
Et dussiez-vous trouver mon propos hasardeux,
Que pour manger tout seul, il faut être au moins deux.