Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/294

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Autant dire que c’est la « povre » qui les fit.
Sans elle, un jour, j’avais prôné « la Bûcheronne »
Eh bien, il s’en fallait que la pièce fût bonne.
Elle n’était que chiffe, elle n’était que vent.
Ma tante me le fit savoir, le jour suivant.
Croyais-je sottement que tel drame était triste ?
Ma tante me disait : « Va donc, vieux pessimiste ! »
Et me prouvait, par A plus B, que j’avais tort.
J’allais donc le revoir, et je m’en tords encor.
S’était-elle, en revanche, amplement ennuyée
Où j’avais pouffé, moi, à gorge déployée,
Je revenais tôt sur mon premier jugement,
Et m’ennuyais alors rétrospectivement.
Or, voilà très longtemps que cette tante est morte.
Et cependant, j’écris toujours, en quelque sorte.
Mais je ne sais plus bien ce que je dis… oh ! non.
Et chaque fois c’est la même chose, cré nom !
Je demeure anxieux devant la page blanche,
Quand je dois perpétrer mon lundi du dimanche.
Et le cœur tout rempli d’un singulier émoi,
Je dis : « Du haut du Ciel, ma tante, inspire-moi ! »


1894