Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/34

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À peine vous êtes chez lui
Que son regard vous réjouit.
Il descend bien vite à la cave,
Et vous en rapporte un flacon
De son petit vin rubicond.
Ah ! le vieux brave !

Mais, où son geste est éloquent
Et religieux, c’est bien quand
Il saisit son verre pour boire ;
Il me semble alors que je vois
Rutiler au bout de ses doigts
Le Saint Ciboire !

Puis, à mesure que le vin
Descend dans ce profond ravin
Qui est son gosier grandiose,
Sa bonne figure apparaît
Resplendissante, on la croirait
En métal rose.

Son âme dans ses yeux fleurit.
Il s’abandonne, et s’attendrit
Sur le sort du commun des hommes
Qui n’ont pas de ce vin subtil
Et potitif. « Pauvres — dit-il —
Gueux que nous sommes ! »