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VI

incontestée. Quant aux derniers, aux ouvriers-poètes, que les célébrités du temps se firent une sorte de gloire de patronner, dont l’avènement donna lieu à tant de théories politiques et philosophiques, et sur lesquels de grands et généreux esprits avaient été jusqu’à fonder des espérances, hélas ! rapidement déçues, de rénovation sociale, ils ont eu vite fait leur temps. La Révolution de 1848 éclata à l’heure même où l’attention publique était plus particulièrement fixée sur eux. Leur voix se perdit dans ce grand coup de tonnerre. Du jour au lendemain, la France fut entraînée vers des préoccupations bien autrement sérieuses et graves. Et de tous les engouements dont les poètes prolétaires avaient été l’objet d’un côté ; de toutes les railleries et de toutes les acerbes protestations qu’ils avaient soulevées de l’autre, de tout le bruit qu’on avait fait autour d’eux, il ne resta que leur œuvre. Elle ne méritait certes pas cet excès d’honneur ni cet excès de colère. Le temps, comme il fait de toute chose, l’a reléguée à la place qui lui convient et elle est à peu près tout à fait oubliée aujourd’hui.

Depuis 1850, les poètes n’ont pas manqué à