Page:Poullain de La Barre - De l’égalité des deux sexes, seconde édition.djvu/21

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ſçavans & les ignorans ſont tellement prévenus de la penſée que les femmes ſont inferieures aux hommes en capacité & en merite, & qu’elles doivent eſtre dans la dépendance où nous les voyons, qu’on ne manquera pas de regarder le ſentiment contraire comme un paradoxe[1] ſingulier.

Cependant il ne ſeroit pas neceſſaire pour l’établir, d’employer aucune raiſon poſitive, ſi les hommes eſtoient plus équitables & moins intereſſez dans leurs jugemens. Il ſuffiroit de les avertir qu’on n’a parlé juſqu’à preſent qu’à la legere de la difference des deux Sexes, au déſavantage des femmes ; & que pour juger ſainement ſi le noſtre a quelque prééminence naturelle par deſſus le leur, Ce qu’il faut faire pour bien juger des choſes.il faut y penſer ſerieuſement & ſans intereſt, renonçant à ce qu’on en a crû ſur le ſimple

  1. Opinion contraire à celle du public