Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/375

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écoles de filles, et donner quelques encouragements aux maîtres d’école. Une autre fois, si leur demande est accueillie, ils solliciteront de nouveaux millions pour des essais. Comme tout cela témoigne d’un vrai sentiment démocratique ! Quelle bonne foi surtout, quel dévouement, quelle science de la société dans cet enseignement gratuit et obligatoire !… Eh ! Messieurs, ayez donc le courage de vos doctrines, et rendez justice à ce Gouvernement qui, dans la naïveté de sa philanthropie devançant vos vœux, fait les choses peut-être mieux encore que vous ne le voudriez. La question de l’enseignement démocratique vous dépasse : vous n’avez ni le cœur assez haut ni la conscience assez vigoureuse. Que feriez-vous, ennemis acharnés du socialisme, du mutuellisme, du garantisme, du fédéralisme, adversaires implacables des candidatures ouvrières, que feriez-vous de ces huit millions de jeunes gens en qui il s’agit de développer, par une éducation intégrale, comme disait Fourier, le plus grand nombre d’aptitudes et de créer la plus grande capacité possible ? Irez-vous leur dire que leurs espérances sont vaines ; qu’il n’y a pas place sur terre pour tant de gens habiles, d’ouvriers artistes, d’industrieux lettrés, de travailleurs pouvant se passer d’interprètes et d’avocats ? Oseriez-vous avouer que dans votre système mi-parti de hiérarchie et d’anarchie, de coalition et de concurrence, il vous faut, et en grand nombre, des manœuvres, des hommes-machines, des prolétaires ? Arrière donc ! Vous n’êtes point faits pour nous représenter.