Page:Quatremère de Quincy - Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Chalgrin, architecte.djvu/5

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rappelé les saines maximes de l’art : il l’avait, remplacé sur ses anciennes bases, et ouvert une nouvelle école.

Un sort favorable y avait dirigé les pas du jeune Chalgrin, qui n’était encore qu’au premier âge et à l’entrée de ses études. Mais cet âge est celui où l’on reçoit ces impressions, si l’on peut dire instinctives, qui décident de la direction de l’esprit. Le jeune élève dut donc puiser même à son insu, dans l’école de Servandoni, l’habitude de voir en grand, et le germe de ce talent inventif et fécond dont le maître italien donnait alors, dans tous les genres de décoration pour les fêtes publiques, de célèbres exemples. Servandoni avait imprimé le mouvement : cette impulsion fut propagée par une suite d’hommes habiles, du hombre desquels fut M. Boullé, chez lequel, après la mort de son premier maître, entra le jeune Chalgrin, en 1755. Ce fut sous sa direction qu’il suivit les cours d’étude de l’Académie d’Architecture, et qu’il remporta, en 1758, le grand prix, qui lui valut la pension du Roi à Rome.

De retour à Paris, M. Chalgrin trouva des amis et des protecteurs, qui surent apprécier et employer ses talents. Il fut d’abord attaché en qualité d’inspecteur à M. Moreau, architecte de la ville de Paris, et prit une part très-active aux divers travaux qui entraient dans les attributions de cette place. Il termina, pour M. le duc de la Vrillière, son grand hôtel rue Saint-Florentin, et il y exécuta ce qui en est la meilleure partie, l’entrée, la cour, les distributions intérieures.

La faveur d’un autre ministre, M. Bertin, le poussa dans la route de la fortune, et lui procura un grand nombre de ces travaux particuliers qui ne font pas la gloire de l’artiste, mais qui fournissent les moyens d’attendre et de mériter les occasions qui la donnent.

Ainsi, dans le temps que M. Chalgrin continuait les constructions du Collège-Royal ; pendant qu’il exécutait à Paris, à Versailles, à Chatou, des hôtels des maisons de campagne, d’agréa-