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DU MANGEUR D’OPIUM

ni l’influence du trésor ne pouvaient toujours réussir à prévenir les conflits fâcheux entre les actes du Parlement d’Irlande et ceux du Parlement de Grande Bretagne. À Dublin comme à Londres, le gouvernement devait se retirer quand il était mis en minorité. Cela arriverait vraisemblablement à propos d’une question irlandaise. Et on voterait des mesures de faveur et de protection au profit des intérêts irlandais, qui non seulement seraient en désaccord criant avec les intérêts plus généraux du gouvernement central, mais encore ouvriraient la porte à d’innombrables moyens de se dérober aux lois anglaises elles-mêmes, dans la sphère d’action qui leur est reconnue, maintenant que l’invention de la vapeur a virtuellement réuni le territoire de l’Irlande à celui de l’île la plus grande. D’après ces considérations, un Irlandais lui-même doit reconnaître que les convenances publiques exigeaient l’absorption de toutes les suprématies locales ou provinciales dans la suprématie centrale. Il y avait deux raisonnements fort brefs pour donner du poids à ces considérations ; le premier c’est que les maux qui devaient vraisemblablement naître, (et sont nés en effet en France) de ce qu’on nomme en politique moderne, le principe de centralisation, ont été, chez nous, esquivés ou réduits à l’impuissance. Les provinces, jusqu’au coin le plus reculé de ces îles, « entassées dans un coin », réagissent sur Londres avec autant de puissance que Londres agit sur elles ; si bien que chez nous on n’a nul besoin d’un contrepoids, comme en France, pour l’influence exagérée du centre. En second lieu, l’orgueil, la jalousie elle-même qui dicteraient la volonté de garder un parlement