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DU MANGEUR D’OPIUM

cérémonies de la solennité qui allait avoir lieu.

Peu à peu la Chambre se remplit. Des femmes fort belles étaient assises dans les rangs des Pairs, et dans un de ces groupes, nous vîmes, entourée d’une nuée d’admirateurs, notre belle mais fragile enchanteresse du paquebot. Elle nous vit aussi et nous le prouva par un affable signe de tête. Aucune rougeur sur la joue n’indiqua qu’elle se doutât de tout ce qu’elle devait à notre discrétion, car nous n’avions pas même fait part à Lord A — de la scène dont le hasard nous avait rendus témoins. Alors il y eut un mouvement dans la Chambre et un grand cri du dehors nous apprit l’arrivée de son Excellence. À son entrée dans la Chambre, il fit, comme les autres pairs, le tour du trône, et s’inclina profondément devant le trône vide. Aussitôt commença la cérémonie officielle, dans laquelle, si je m’en souviens bien, le rôle le plus en vue fut joué par le chancelier, le même chancelier, dont un adversaire politique dit en ces temps-là, qu’il pourrait nager dans le sang innocent qu’il avait fait répandre. Alors on fit venir à la barre, — ce fut le dernier appel — les Gentlemen de la Chambre des Communes, à l’avant-garde desquels se trouvait Lord Castlereagh, sur qui tous les yeux étaient fixés. Ensuite on lut maints actes votés pendant la session, et la ratification sonore, prononcée d’un ton jovial :

Annuit, et totum nutu tremefecit Olympum,


contenue dans la formule : « Soit fait comme il est désiré » ou l’autre formule plus impérieuse : « Le roi le veut. »

À quel moment précis devait être lu l’assenti-